Les Affaires étrangères belges bannissent la langue de bois

Publié le par TUNISIE STOP TORTURE

Journal le soir.belgiquePartager Aujourd'hui à 20:13 Tout arrive. Voilà que, sous la nouvelle ère d’Yves Leterme, les Affaires étrangères belges se lancent dans une opération « sus à la langue de bois » dont le régime tunisien du président Ben Ali fait les frais ! Un étonnant modèle de parler vrai au bénéfice d’une cause, les droits de l’homme, qui honore notre diplomatie. Par Baudouin Loos
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Les faits. Une sénatrice PS, Caroline Désir, avait adressé au ministre des Affaires étrangères une demande d’explications à propos des élections en Tunisie qui ont eu lieu le 25 octobre dernier. Le texte signé par l’élue était clair et sans ambages, qui évoquait les atteintes aux droits de l’homme (dont cette phrase : « La quasi absence de visibilité laissée à l’opposition lors de la période électorale, ni la manière dont l’opposition a été empêchée de faire son travail »). La réponse du ministre Leterme, lue par son collègue Etienne Schouppe jeudi au Sénat, vaut son pesant d’or en matière de franchise bien peu diplomatique. Qu’on en juge… Après avoir rappelé les points estimés positifs de la Tunisie (condition de la femme, lutte contre l’immigration clandestine et lutte contre le terrorisme, etc.), le texte souligne que « la Tunisie accuse un retard certain en matière de libertés politiques ». Jusque-là, tout va bien. Mais il continue : « Bien qu’elle se targue de placer les valeurs démocratiques au plus haut et d’avoir ratifié la grande majorité des conventions défendant les droits humains, force est de constater qu’il existe un fossé réel entre les pétitions de principe et la pratique ». Mais le « pire » est à venir. « Le déroulement des élections a une nouvelle fois mis en lumière certains manquements démocratiques dans le système politique tunisien, comme me l’a rapporté notre ambassade à Tunis : omniprésence du Président Ben Ali et de son parti, le RCD, musellement de l’opposition, accentuation de la répression des voix indépendantes, allégeance des institutions supposées garantir le caractère neutre des élections. Notre ambassade ne s’est pas contentée uniquement d’un travail d’analyse : nos diplomates ont, entre autres, entretenu des contacts avec tous les acteurs de l’opposition, autant vassale que réelle ; ils ont soutenu par leur présence des actions de représentants de la société civile et de défenseurs des droits de l’homme. Après les élections, notre ambassade à Tunis a activement participé à une initiative européenne faisant état des différents manquements démocratiques constatés pendant la période. Nos diplomates ont également rendu visite à Radhia Nasraoui, avocate défendant les droits de l’homme, victime de la pression policière pendant ces élections, et ils suivent actuellement de près le cas des personnes malmenées par le pouvoir à cause de leurs prises de position pendant la même période. Notre souci du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dépasse le cadre des élections qui furent, il est vrai, un condensé de mauvaises pratiques. » Disons-le crûment : ce texte est un étonnant modèle de parler vrai, qui met au rancart la langue de bois et même la realpolitik au bénéfice d’une cause, les droits de l’homme, qui honore notre diplomatie.

Publié dans ESPACE INFO

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