Tunisie : un défenseur arrêté pour avoir dénoncé des abus policiers

Publié le par CNLT

                     Conseil National pour les Libertés en Tunisie
T
arak Essoussi, membre dirigeant de l’Association de soutien aux prisonniers politiques (AISPP) a été déféré devant le juge d’instruction de Bizerte le 3 septembre 2008 pour diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public en vertu des articles 42 et 49 du Code de la presse.
Il lui est reproché d’avoir fait une déclaration à la chaîne Al Jazeera le 26 août dernier informant de l’enlèvement par la police politique d’un groupe de 7 jeunes à Bizerte.
La véracité de ces graves abus policiers dénoncés par Tarak Essoussi et rapportés dans un communiqué de l’AISPP, est attestée par les témoignages des familles des victimes et confirmée par la section de Bizerte de la LTDH.
Monsieur Tarak Essoussi, qui souffre d’un sévère handicap moteur, a été amené au tribunal de Bizerte pour interrogatoire sans ses béquilles, porté par des policiers ; Le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Bizerte, Akram Mnekbi, a accepté de l’interroger dans cet état et poursuivi son interrogatoire malgré les protestations de la défense ;  Me Anouar Kousri s’est retiré en signe de protestation contre cette volonté délibérée d’humiliation. Il semblerait, selon les premiers éléments de l’instruction, que l’accusation ne conteste pas l’authenticité des faits dénoncés par Mr Essoussi.
Tarak Essoussi a été arrêté le 27 août à son domicile, par une brigade d’une dizaine de policiers entrés par effraction, après avoir enfoncé les portes et sauté par le toit,  semant la terreur au sein de sa famille et de ses voisins. Il est écroué à la prison civile de Bizerte où il est sujet à un traitement dégradant ciblant son infirmité et qui l’oblige à ramper par terre après la confiscation de ses béquilles par le directeur de la prison.

Le CNLT considère
·        que monsieur Tarak Essoussi est sanctionné pour avoir fait son devoir de défenseur de droits humains et usé de sa liberté d’expression. Qu’au lieu de punir les coupables des infractions à la loi, les autorités sanctionnent ceux qui révèlent ces violations.
·        Il exige sa libération immédiate, la levée de toutes les poursuites contre lui et l’ouverture d’une enquête sur les mauvais traitements qui lui ont été infligés ainsi que la réparation des préjudices qu’il a subis.
·        Il rappelle à l’Etat tunisien ses engagements internationaux et notamment les articles 6 et 9 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l'homme qui garantit le droit « de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales.
»


Pour le Conseil
La porte parole
Sihem Bensedrine

Publié dans ESPACE INFO

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