TUNISIE : Poursuite des atteintes à la liberté d’expression et à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme

Publié le par L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme

Genève-Paris, le 1er février 2008. 
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), condamne vivement la poursuite des actes de répression à l’encontre des journalistes tunisiens et des étudiants syndicalistes.

En effet, le 18 janvier 2008, le tribunal de Sakiet Ezzit dans la banlieue de Sfax a confirmé en appel la condamnation du journaliste Slim Boukhdir, correspondant du journal panarabe basé à Londres Al Quds Al Arabi et du site Internet de la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya, et membre fondateur de l’association de défense des libertés “Liberté et équité”, à un an de prison ferme pour “outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions”, “atteinte aux bonnes mœurs” et “refus de présenter ses papiers d’identité”[1]. Les avocats du journaliste, ainsi que des représentants d’organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme qui ont suivi le procès en première instance et en appel, ont dénoncé de nombreux vices de procédure, en particulier le refus du tribunal de convoquer les témoins de la défense. M. Slim Boukdhir, qui œuvre pour la liberté de la presse et la liberté d’expression depuis plusieurs années, est une nouvelle fois victime de la politique de persécution et de harcèlement des autorités tunisiennes. D’après nos informations, M. Slim Boukdhir était détenu depuis le début de son incarcération dans des conditions déplorables et ses avocats et sa famille se sont vus refuser le droit de lui rendre visite plusieurs fois sans raison légitime. L’Observatoire se félicite que ses conditions de détention aient récemment été améliorées, mais déplore que M. Boukdhir soit maintenu à l’isolement.

Par ailleurs, une nouvelle vague d’arrestations et de poursuites judiciaires a également touché plusieurs étudiants membres de l’Union générale des étudiants tunisiens (UGET). Actuellement, l’UGET compterait 49 étudiants victimes d’arrestations et de détention, de licenciements abusifs, de poursuites et condamnations abusives ou tombant sous le coup de mandats de recherche. Ces étudiants seraient harcelés en raison de leurs activités syndicales et de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et d’association.

Enfin, l’Observatoire déplore l’interdiction de séjour opposée par les autorités algériennes, suite aux pressions exercées par Tunis, à M. Taoufik Ben Brik, journaliste connu pour ses activités de défense des droits de l’Homme qui venait à Alger présenter un de ses ouvrages.

Les actes de harcèlement visant M. Slim Boukhdir, M. Taoufik Ben Brik et les membres de l’UGET sont les dernières en date d’une série d’inculpations, d’arrestations et de harcèlement visant à museler les journalistes indépendants et les opposants pacifiques aux autorités tunisiennes. Par conséquent, l’Observatoire demande aux autorités tunisiennes de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Slim Boukdhir et de procéder à sa libération immédiate et inconditionnelle dans la mesure où sa détention est arbitraire puisqu’elle vise à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme.

Par ailleurs, l’Observatoire prie les autorités tunisiennes de cesser tout acte de répression envers M. Slim Boukhdir, M. Taoufik Ben Brik, les membres de l’UGET et l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme et de rétablir les dialogues avec eux, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et, plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie .

Pour plus d’informations, merci de contacter : FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18 
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39
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[1] M. Boukdhir avait été arrêté le 26 novembre 2007 alors qu’il se rendait à Tunis, suite à sa convocation par le poste de police de Khaznadar afin d’aller chercher son passeport, puis placé en détention préventive au poste de Sakiet Ezziet. Il avait été condamné en première instance, le 4 décembre 2007, à un an de prison ferme (Cf. appel urgent de l’Observatoire TUN 005/1207/OBS 170, diffusé le 19 décembre 2007).

 

Publié dans ESPACE INFO

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